Au passage du Néolithique, à l’âge du bronze en Crète, une civilisation que l’on appelle Minoenne se développe. Sur la période appelée Minoen ancien, couvrant les années 2700 à 2000 avant J.C., de forts échanges commerciaux vont lier la Crète à l’Egypte et surtout à l’ Anatolie, puis dans un second temps à la péninsule Ibérique, la Gaule et même la Cornouaile (Grande Bretagne). Les Minoens resteront dans l’histoire comme le point de départ de la civilisation européenne et nous lègueront plus tard de magnifiques palais dont celui de Knossos.
L’âge du bronze est la période allant de 3000 à 1000 avant J.C. .Cette période succède à l’âge de la pierre et se caractérise par le fait que l’homme commence à créer des alliages de cuivre et d’étain, notamment pour les outils et pour les armes. L’arrivée de l’âge de bronze diffère fortement selon les zones géographiques, les échanges étant à cette époque limités. En Grèce, on estime que cela est arrivé en Crète aux alentours de 2700 avant J.C., marquant la fin du néolithique et le début de l’âge de bronze pour l’aire géographique hellénique. Selon Arthur Evans, l’archéologue qui a découvert le palais de Knossos dont nous parlerons plus tard, l’introduction des métaux en Crète serait due à une immigration venant d’ Egypte. Cependant cela est aujourd’hui fortement contesté, d’autres théories, parmi lesquelles celles du docteur Ratko Duev, professeur a l’université de Skopje, penchent plutôt en faveur de l’installation en Crète de colonisateurs hittites venus d’ Anatolie (Turquie). La pensée actuelle défend l’idée que toute la région de l’Égée est à cette époque habitée par un peuple désigné comme préhellénique ou égéen. Elle prône également le fait que la diffusion de l’usage du bronze en mer Egée, soit liée à de larges mouvements culturels et commerciaux depuis les côtes de l’Anatolie vers la Crète, les Cyclades et le sud de la Grèce. Ces régions entrent alors dans une phase de développement social et culturel, marquée principalement par l’essor de la navigation reliant la Crète à l’Anatolie et à Chypre.
Le développement de la Crète
En axant son développement sur sa marine, la Crète commence à occuper une place prédominante en mer Égée. Commercialement, elle multiplie les échanges avec plusieurs pays producteurs de matières premières. Les Crétois vont chercher le cuivre à Chypre, l’or en Égypte, l’argent et l’obsidienne dans les Cyclades. Des ports se développent sous l’influence de cette activité croissante : Zakros et Palaiokastro sur la côte orientale, ainsi que les îlots de Mochlos et Pseira sur la côte septentrionale. Ces quatre ports deviennent les principaux centres d’échange avec l’Anatolie. Zakros et Palaiokastro, de par leur positionnement stratégique, plus proche de l’Anatolie s’imposent assez rapidement sur les deux autres, et constituent alors les foyers les plus actifs de l’île Crétoise. Malia, qui se situe sur la cote Nord à 34 kilomètres d’Héraklion sera le premier village a devenir ce que l’on appellerai de nos jours, une petite ville. Elle deviendra plus tard l’une des quatre cités majeures de la Crète. Dans la plaine de la Messara, vers la ville aujourd’hui appelée Matala, les choses bougent également. Des communautés de fermiers et d’éleveurs se développent. Il semble qu’en Crète, dès la fin du Minoen ancien, les villages et les petites villes deviennent la norme. Les fermes isolées elles, se font déjà très rares, contrairement à de nombreuses autres parties du monde. En revanche Knossos à cette époque ne connaît toujours qu’une civilisation sub-néolithique, c’est-à-dire sans métal.
L’émergence de Knossos et Phaestos
En Crète, la généralisation de l’emploi du bronze , a pour conséquence d’intensifier les échanges entre les populations et le centre de gravité de l’île se déplace. Les cités du centre commencent petit à petit à concurrencer celles de la partie orientale. Un état de fait renforcé par l’arrivée de nouvelles matières premières, qui détournent l’attention des Crétois de l’Anatolie vers l’ouest. Par exemple, l’étain de la péninsule Ibérique, de Gaule ou de Cornouaille arrive sur les côtes siciliennes et celles de l’Adriatique. Par réaction mercantile, certaines cités commencent à orienter leur commerce vers ces régions. C’est ainsi que l’embouchure du Kairatos, près d’Héraklion, se développe. A cette époque, une route se construit, traversant la Crète avec Knossos et Phaestos comme principales étapes. Ces deux villes, profitant grâce à cette route des échanges marchands qui se diversifient et s’intensifient, s’imposent logiquement comme les nouveaux centres d’attraction économique de l’ile. En ce qui concerne l’agriculture, on sait grâce aux fouilles que presque toutes les espèces connues de céréales et de légumineuses sont déjà cultivées et que tous les produits agricoles connus encore de nos jours comme l’huile, les olives, le vin et le raisin sont produits à cette époque. Les Minoens ne vivent donc plus de chasse et de pêche. Cela permet à l’ile d’avoir des produits locaux nombreux et diversifiés servant de monnaie d’échange contre des matières premières. Nous sommes alors aux alentours de 2000 avant J.C. et les minoens commencent à construire leurs premiers palais. Ces constructions les font entrer dans une nouvelle période appelée proto-palatiale.