Le Mictlan : la préparation et les trois premiers niveaux

Le Mictlan est composé des mots nahuatls « micqui » qui signifie la mort et « tlan » qui veut dire le lieu. Situé au centre de la terre, c’était l’équivalent de l’enfer pour les Aztèques. Les ethnologues, eux, préfèrent parler d’inframonde. Dans les mythologies Mésoaméricaines, les morts devaient parcourir les neuf niveaux de cet endroit, parsemés d’épreuves en tous genres, en vue de libérer leur âme appelé « teyola » et leur énergie vitale appelé « tonalli ».

Sur le Mictlan régnaient en maitres Mictlantecuhtli, le dieu de la mort, et son épouse Mictecacihuatl. Mictlantecuhtli, était le plus souvent représenté comme un squelette avec de nombreuses dents et des griffes de chauve-souris mais parfois également comme un squelette avec un chapeau et les yeux exorbités. Le domaine du souverain du monde des morts, le Mictlan, est également nommé parfois Ximoayan. Ce mot signifie lieu des décharnés. Ce nom venait du fait que les défunts n’étaient pas forcément condamnés à errer dans le Mictlan pour l’éternité mais ils devaient subir de nombreuses épreuves pour atteindre leur dernier séjour. Durant ces épreuves, leur corps en subissait les conséquences d’où cette appellation de lieu des décharnés. En cas de réussite, les âmes se voyaient accorder le droit de séjourner dans l’un des royaumes célestes, mais en cas d’échec, elles étaient condamnées à demeurer dans la plus basse strate de l’inframonde pour l’éternité. Il faut également savoir que dans la mythologie Aztèque, le Mictlan n’est pas le seul lieu pour les morts. En effet, les guerriers morts au combat allaient dans un lieu nommé le Tonatiuh qui se situe dans l’un des treize niveaux des cieux, ceux qui mourraient foudroyés allaient au Tialocan et les enfants morts en couche au Chichihualquauhco. Tous les autres défunts devaient en revanche forcément faire un passage semé d’embuches dans l’obscur et dangereux Mictlan.

La préparation du défunt

Selon plusieurs sources, il fallait quatre années pour atteindre le Mictlan. C’était donc un voyage qui méritait que l’on s’y prépare. Lorsque quelqu’un mourrait, Les jambes de son corps étaient repliées puis attachées. On pouvait ainsi couvrir le corps d’une couverture de coton pour un noble, ou d’ixtle, une fibre végétale résistante issue de l’agave, pour une personne commune. De l’eau était également versée sur la tête en récitant à ce moment une prière « Voilà l’eau dont tu as profité en vivant sur le monde ». Durant ce rituel, une pierre verte était mise dans la bouche du défunt dans le but d’en faire le réceptacle de son tonalli, son énergie vitale lorsqu’elle abandonnait le corps. On s’adressait également au défunt en lui donnant des conseils pour affronter les différentes étapes par lesquelles il passerait durant son long voyage.

Le premier niveau du Mictlan : Itzcuintlán

A son arrivée, au Mictlan, le défunt était accueilli par le dieu Tezcatlipoca. Selon le Codex Vaticanus A, le mort devait alors traverser huit lieux. Christian Aboytes, lui, dans son livre Amoxaltepetl, « El Popol Vuh Azteca » évoque un neuvième lieu. Le premier de ces lieux était apellé Itzcuintlán qui signifie lieu des chiens. Dans le codex Vaticanus A, il était représenté par un rectangle bleu incluant des coquillages et surmonté d’une tête de chien. Pour cette première épreuve, les morts devaient traverser un fleuve nommé Apanohuacalhuia qui matérialisait la frontière entre le monde des vivants et le monde des morts. Le fleuve était habité par Xochitonal, une créature à tête d’alligator. Pour pouvoir traverser le fleuve, il leur fallait l’aide d’un chien nommé Xoloitzcuintle qui évaluait si le défunt était digne de poursuivre le voyage. Si, durant sa vie, le mort avait maltraité les chiens, il était condamné à errer dans cette région sans pouvoir traverser le fleuve sous peine d’être dévoré par Xochitonal. Ce lieu est la résidence de Xolotl, dieu du crépuscule et seigneur de l’étoile du berger.

Le second niveau : Tepeme Monamictlán

S’il réussissait à traverser Itzcuintlán, le défunt accédait alors au second niveau nommé Tepeme Monamictlán. Ce mot signifie le lieu où les montagnes se heurtent. Dans le Codex, ce niveau était représenté par un homme entre deux montagnes. Cet endroit, comme son nom l’indique était composé de deux montagnes. Celles-ci se heurtaient continuellement et le but du défunt était d’arriver à passer au bon moment, sous peine de finir broyé. Tepeme Monamictlán était la résidence de Tepeyóllotl, dieu des montagnes et de l’écho.

Le troisième niveau : Itztépetl

Dans le codex, ce niveau est représenté par un homme faisant face à une montagne dans laquelle sont fichés des silex. Dans cette région se trouvait une montagne parcourue par un chemin d’obsidiennes effilées que le défunt devait arpenter. Les obsidiennes déchiraient la peau et commençaient à décharner les corps des défunts. C’est pour cela qu’on appelait, comme nous l’avons vu plus haut parfois le Mictlan, « Ximoayan » où lieu des décharnés. Itztépetl était la résidence d’Itzlacoliuhqui, dieu de l’obsidienne, du froid et seigneur du jugement et des punitions. Autrefois dieu de l’aurore, Itzlacoliuhqui avait été condamné à vie, pour avoir défié le soleil, à remplir ce lieu d’obsidiennes tranchantes…


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