Parmi les monuments de la célèbre liste, les Jardins suspendus de Babylone semblent appartenir davantage à un univers légendaire qu’à une réalité historique. En effet, nous ne possédons aucun témoignage oculaire les concernant mais en revanche de nombreux textes en donnent une description fantastique et irréelle.

La tradition historiographique

Selon la tradition historiographique, les jardins suspendus auraient été bâtis par l’empereur Nabuchodonosor II vers 600 av. J.-C., près de son vaste palais le long de l’Euphrate, à l’extérieur des murailles de Babylone. Sa jeune épouse originaire de Médie, Amyitis, était nostalgique des paysages de collines verdoyantes de son pays natal. C’est pour elle que Nabuchodonosor aurait fait élever des jardins en terrasse plantés de nombreux arbres, afin de recréer la végétation luxuriante de la Médie.

D’après les textes antiques, ces jardins reposaient sur de puissants piliers et arcades en pierre, grâce à un système de caissons en briques enduits de bitume et de plomb contenant la terre pour les plantations. Un système d’irrigation extrêmement ingénieux permettait, grâce à une vis d’Archimède, de puiser l’eau du fleuve afin de maintenir la terre constamment humide. On estime leur surface totale entre 10 000 et 15 000 m2.

Aucune fouille archéologique systématique de la zone où auraient pu s’élever les jardins n’a été menée jusqu’à aujourd’hui, mais les prospections n’ont pas révélé de traces de leur présence : ni piliers, ni arcades, ni système d’irrigation. De plus, Hérodote, un des rares auteurs grecs à avoir visité Babylone vers 450 av. J.-C. n’évoque jamais les jardins dans sa longue description de la ville.

Babylone ou Ninive ?

Une chercheuse britannique, Stephanie Dalley, a proposé l’hypothèse en 2013 que les célèbres jardins n’aient en réalité jamais été situés à Babylone, mais plutôt à 400 km de là, à Ninive, dans le palais de l’empereur assyrien Sennachérib (704-681 av. J.-C.). Les archives du palais mentionnent l’existence de jardins surélevés plantés de fruitiers et d’ « arbres à laine » (coton), représentés également sur des bas-reliefs. De plus, les vestiges d’importantes structures hydrauliques qui permettaient d’acheminer l’eau de plusieurs rivières vers Ninive sont toujours visibles dans la vallée de Shifka : ils auraient permis d’irriguer aisément de tels jardins dans cette région aride. Les auteurs postérieurs auraient ainsi pu faire erreur et situer à Babylone les splendides jardins suspendus de Sennachérib.

Photographie :

Bas-relief du palais de Ninive montrant des jardins arborés surélevés bâtis sur de puissantes arcades en pierre (à droite) et parcourus de plusieurs canaux d’irrigation. Au sommet, l’empereur contemple son domaine depuis un petit pavillon.

Source de la photographie :

The Trustees of the British Museum