La ville de Sparte, fût fondée d’après les archéologues au Xème siècle avant J.C. Avec Athènes, c’est l’un des deux acteurs majeurs de l’histoire grecque. Réputée pour son armée, elle est la seule cité de Grèce dépourvue de muraille. D’après la philosophie Spartiate, les villes bien défendues le sont par des hommes et non par des briques. Mais au-delà de sa structure militaire, Sparte se distingue également des autres cités grecques par son modèle social, son organisation politique et son schéma éducatif.

Située dans le Péloponnèse, Sparte aurait été fondée par Sparton. Il était le fils de Phoronée roi d’Argos. D’après la légende; Argos, fils de Zeus, a donné son nom à cette cité du Péloponnèse. Au Vème siècle avant J.C., cette cité s’étendait sur un territoire qui représentait trois fois celui de son rival Athènes. Le territoire Spartiate au sens strict est délimité à l’ouest par le massif du Taygète, au sud et à l’est par la mer Méditerranée. A la frontière Nord, Sparte enlève à Argos le contrôle du plateau de Thyréatide et y étend son territoire en 545 avant J.C. à la suite de la bataille dite « des champions ». Sparte est constituée de quatre villages : le village Limnai « du lac », Kynosoura « queue de chien », Mesoa « central » et Pitana « pâtissiers ». Un cinquième village, Amyclées viendra s’y ajouter plus tard. L’État ainsi constitué comprend d’autres cités grecques, appelées périèques qui signifie « du pourtour ». Elles sont soumises à la suzeraineté Spartiate. Leurs habitants sont libres mais ne sont pas pour autant des citoyens. Ils ont l’obligation de fournir des troupes. Sparte se distingue donc des autres cités par un modèle social où une minorité, les « Egaux » autre nom des Spartiates exerce à plein temps la citoyenneté. L’activité économique quant à elle, est assurée par les Périèques, les habitants du pourtour et par les Hilotes, les esclaves.

Un modèle social particulier

Les Hilotes étaient ceux qui avaient été réduits en esclavage après s’être rebellés. Pourtant, leur condition sociale différait des autres esclaves de l’antiquité. Leur maitre n’était pas un homme mais l’état Spartiate. Les Hilotes étaient chargés de cultiver des terres où ils vivaient de père en fils. Ils devaient également payer aux Spartiates une redevance annuelle que l’on appelait « apophora ». En contrepartie, l’apophora ne pouvait pas être augmentée et le propriétaire du terrain que les Hilotes cultivaient n’avait pas le droit de les chasser ni de les vendre. Ils pouvaient parfois être appelés à servir dans les armées et à combattre auprès des Spartiates. On estime les Hilotes à environ 220.000 sur un ensemble 380.000 habitants. Les Périèques, environ 100 000 membres, appartenaient également à la population vaincue et conquise. Mais, à la différence des Hilotes, ils avaient conservé leur liberté individuelle, possédaient le sol et vivaient dans leurs anciennes villes. Les Spartiates avaient même laissé subsister leurs lois et leur justice. En contrepartie, ils payaient des impôts et faisaient un service militaire mais aucun droit politique ne leur était reconnu. Les Spartiates, qui s’appelaient entre eux les Egaux, étaient les seuls a jouir des droits de citoyen. Ils étaient, en grande majorité, d’origine dorienne. Peu nombreux, ils étaient tout au plus 50 000, femmes et enfants compris. En sous nombre, les Egaux se méfiaient énormément d’une rébellion massive des Hilotes, et c’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles ils s’entrainaient continuellement à l’art de la guerre.

L’assemblée des vieillards et l’assemblée du peuple

La vie politique de la citée était régie par deux assemblés et concernait uniquement les Spartiates. La première, l’assemblée des vieillards ou Gérousia, était composée de vingt-huit membres. Cette assemblée était l’organe le plus puissant de l’Etat et dirigeait réellement les affaires publiques. Elle avait l’initiative de toutes les décisions. Dès l’Antiquité, on remarqua que les Gérontes de Sparte qui composaient cette assemblée formaient ce que l’on appellerait aujourd’hui une oligarchie absolue. Ils étaient les véritables maîtres de l’Etat et jugeaient les crimes importants qui conduisaient à prononcer des peines de mort et la déchéance civique. L’autre assemblée était celle du peuple ou Démos qui se réunissait une fois par mois. Tous les Spartiates pouvaient y participer sauf les Hilotes et les Périèques qui en étaient exclus. L’assemblée du peuple ne pouvait prendre aucune initiative. Son rôle était simplement d’approuver où de rejeter les lois et les mesures déjà votées par la Gérousia. Le plus souvent, on demandait aux votants de faire le plus de bruit possible pour ratifier une loi. On appelait cette démarche le vote par acclamation. Lorsqu’il y avait un doute, les membres de l’assemblée se séparaient en deux groupes suivant leur opinion. On pouvait alors compter les suffrages et valider la loi.

LES EPHORES ET LES DEUX ROIS 

Le pouvoir royal de Sparte était réparti entre deux rois, l’un de la famille des Agiades et l’autre de la famille des Eurypontides. Ces deux familles royales ne s’unirent jamais par des mariages et on se sait pas pourquoi les Spartiates ont fait le choix d’avoir deux suzerains. Chacun d’eux avaient une autorité non politique. Bien sûr, ils siégeaient à la Gérousia en compagnie des vingt-huit autres membres de l’assemblée, leur pouvoir étant surtout militaire. Les rois étaient les commandants en chef de l’armée Spartiate en campagne, mais ne pouvaient pas déclarer la guerre ou signer de traité de paix. C’était l’assemblé du peuple qui seule avait ce pouvoir. En temps de paix, les deux rois n’avaient semble t’ il même pas de garde personnelle pour montrer qu’ils étaient égaux aux autres. Dans les faits, c’étaient les Ephores qui détenaient le pouvoir. Au nombre de cinq et en poste pendant un an, ils étaient élus, selon certains chercheurs, par le Démos selon la méthode de l’acclamation. On sait qu’il n’y avait aucune condition d’âge ni de rang ni de fortune, ils devaient simplement faire partie des Spartiates. Tous les magistrats et les rois eux-mêmes se levaient devant eux pour les honorer. Selon Aristote, leur pouvoir était aussi absolu que celui des tyrans, ils pouvaient même destituer les rois. Mais il semble qu’ils n’en aient pas profité en ayant toujours agi en accord avec la Gérousia.